75 ans de la libération d'Auschwitz | La déportation des juifs roumains de France à Auschwitz

75 ans de la libération d'Auschwitz | La déportation des juifs roumains de France à Auschwitz


Combien y avait-il de Juifs roumains en France à la veille de la deuxième guerre mondiale ?

Après avoir mené un travail colossal, Serge Klarsfeld et son épouse Beate Klarsfeld publient en 1978 Le Mémorial de la déportation des Juifs de France – un ouvrage monumental qui dresse la liste des Juifs déportés depuis la France, morts dans les camps d’internement ou exécutés en France au cours de la Seconde Guerre mondiale. De 1942 à 1945, 75 500 Juifs ont été déportés sur les 320 000 qui vivaient en France au début de l'Occupation. Cet ouvrage permet de mesurer l’ampleur de la catastrophe qui a frappé les Juifs français ou étrangers qui vivaient en France. Il présente la liste de tous les déportés Juifs de France classés par convoi de déportation.

Il y eut environ 79 convois de la déportation de Juifs partis de France sur trois années, notamment depuis le camp de Drancy et à destination d'Auschwitz.

A la veille de la guerre, il y avait en France au moins 300 000 Juifs qui se partageaient entre environ 165 000 Juifs de nationalité française et 135 000 Juifs étrangers.

Combien y avait-il de Juifs de nationalité roumaine ? Selon Serge Klarsfeld, « il est difficile de l’évaluer précisément. Toutefois, nous savons qu’en juin 1941 à Paris, 140 000 Juifs se sont déclarés comme tels ; parmi eux, 65 000 chefs de famille dont 34 000 chefs de famille étrangers et parmi ces derniers, 2 558 chefs de famille roumains, dont les conjoints et les enfants pouvaient être soit roumains, soit français. […] Au total, il devait y avoir en France au moins 6 000 à 7 000 Juifs roumains. » (Serge Klarsfeld, Le sort des Juifs roumains en France pendant l’Occupation, l’Institut national pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie « Elie Wiesel », Bucarest, 2007).


Nous publions la liste des plus de 1 400 Juifs roumains de France qui avaient été déportés en deux convois – no 37 et 38 – et en trois jours depuis le camp de Drancy et à destination d'Auschwitz.

Il y eut environ 79 convois de la déportation de Juifs partis de France sur trois années, notamment depuis le camp de Drancy et à destination d'Auschwitz. Plus de 3 000 Juifs roumains ont été déportés de France dans ces convois.

La rafle des Juifs roumains

Le 23 septembre 1942, la Police municipale de Paris reçoit l’ordre de mener au plus tôt la capture des familles juives roumaines. Elle met au point immédiatement les conditions de la rafle qui nécessite l’action de plus de 1 000 policiers.

« Le 24 septembre, au petit matin, les arrestations commencent. A 18h45, le bilan s’établit à 1 574 arrestations : 562 hommes, 829 femmes et 183 enfants. Ces 1 574 victimes de la rafle sont dirigées sur le camp de Drancy. » (Serge Klarsfeld, Le sort des Juifs roumains en France pendant l’Occupation, l’Institut national pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie « Elie Wiesel », Bucarest, 2007).

Le convoi 37

« Le lendemain matin 25 septembre, s’ébranle le 37e convoi de Juifs de France vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il emporte 1 000 déportés dont 729 Juifs roumains et 63 de leurs enfants de nationalité française, 294 hommes, 400 femmes, 47 fillettes, 51 garçons qui vivaient libres à Paris à l’aube du 24 septembre et qui seront asphyxiés dans une chambre à gaz à l’autre bout de l’Europe, le 27 septembre, soit moins de 80 heures plus tard. » (Serge Klarsfeld, Le sort des Juifs roumains en France pendant l’Occupation, l’Institut national pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie « Elie Wiesel », Bucarest, 2007). De ce convoi ne survivront en 1945 que 15 hommes.

Le convoi 38

Le convoi 38 part de camp de Drancy vers le camp d’Auschwitz-Birkenau le 28 septembre 1942. On trouve dans ce convoi 609 Juifs roumains arrêtés lors de la Rafle du 24 septembre 1942 domiciliés à Paris ou dans la proche banlieue. Du convoi no 38, survivront 20 hommes.

1 401 des 1 574 Juifs roumains avaient été déportés en deux convois et en trois jours.

Au total, selon les recherches de Serge Klarsfeld, ce sont environ 3 000 Juifs roumains qui auront été déportés de France. Chacun d’entre eux a une histoire qui mérite d’être racontée et de ne pas être oubliée.


Nous remercions Monsieur Serge Klarsfeld pour sa gentillesse et générosité, qui nous ont permis de vous présenter la sort d’une grande partie des juifs roumains immigrés à Paris pendant la deuxième guerre mondiale.


Serge Klarsfeld est né le 17 septembre 1935 à Bucarest en Roumanie ; son père, Arno Klarsfeld est né à Brăila, en Roumanie, et sa mère à Cahul, en Bessarabie.

Défenseur de la cause des déportés juifs en France, avec son épouse Beate, il a mené une action militante pour la reconnaissance de la Shoah, de la responsabilité des hommes et des États dans sa mise en œuvre, des droits des survivants et de leurs descendants.


Le convoi 37