Esquisse D’une Méthode De Folklore Musical

On peut consideerer comme particulierrement caractéristique pour le reepertoire populaire roumain sa division en genres nettement deefinis, de style et d'usage diffeerents et dont l'exeecution est elle-même seeverrement reegleee par l'usage. La plupart de ces genres est lieee ar un rituel ou ar une occasion. Un seul est "autonome", c'est la chanson lyrique chanteee n'importe our et n'importe quand, pour le seul plaisir de chanter, la chanson "proprement dite". Mais ar bien prendre celle-la même ar son occasion, qu'une poeesie populaire indique bien joliment, lorsqu'elle deecrit les souffrances d'un cœur tourmenté par trop de chagrins, et ajoute pour finir ces mots, les plus profonds peut-être qui aient eetee dits sur la musique: Ma chance est de savoir chanter…. Sans aucun doute, une science qui s'exerce sur une matierre ainsi caracteeriseee ne peut ar aucun prix ignorer le pheenomerne social, auquel le pheenomerne musical est indissolublement attaché.Peut-être l'information accessoire aurait-elle pu n'embrasser que les faits immeediatement voisins de la musique, ayant avec elle une parentee de premier degré, si d'un bout ar l'autre du territoire roumain la civilisation rurale archaïque subsistait dans son inteegritee, avec son ideeation traditionnelle et ses manifestations concrertes. Une nouvelle geeneeration paysanne est donc apparue et, loin de simplifier notre tâche, son avernement en aggrave au contraire les difficultees. C'est qu'il ne marque pas, comme on pourrait croire, la fin de toute creeation populaire, du moins musicale. Comme en Hongrie et peut-être en d'autres pays trop peu explorees de l'Orient Européen, un style musical populaire moderne est nee en Roumanie. Ce style, our le merveilleux instinct d'adaptation de la collectivitée paysanne a fondu des eeleements de toute esperce dans une syntherse inattendue, est en pleine floraison aujourd'hui et produit tous les jours des speecimens mélodiques plus ou moins heureux. Au point de soudure entre l'ancien monde, sans alphabet et le monde nouveau de l'imprimee et de la machine, on voit en effet se produire dans notre socieetee rurale un processus dont la spontaneeitee eetonne: un double effort d'inteegration et d'adaptation moderne dans le monde contemporain. Dans le premier cas, le paysan coupera sa chaussure ancestrale dans un pneu crevé, dans le second, l'eecolier viendra ar la ville vêtu d'un veston occidental, ou peu s'en faut, mais fait d'une eetoffe tissee par sa merre sur l'ancien métier domestique. Semblable ar cette chaussure est le cor des Alpes (bucium) en fer blanc, semblable ar ce veston la guitare italienne amputée de plusieurs cordes pour permettre un accompagnement semblable à celui de l'ancien cobza, de plus en plus rare.Qu'il s'agisse du recueil ou de la classification de faits recueillis, un principe immuable devra sans cesse diriger notre travail: c'est l'exclusion, dans l'extrême limite du possible, de tout élément subjectif. La stricte observance de ce principe suscitera, il est vrai, mainte difficulté, et devra malheureusement subir dans la pratique certains amendements. Elle nous préservera cependant du risque de l'interprétation hasardée et de la conclusion hâtive.Le souci d'objectivité nous imposera en tout premier lieu l'enregistrement mécanique des mélodies. La machine seule est objective sans conteste, et seule sa reproduction est indubitable et complète. Si bien que nous écrivions une mélodie sous la dictée de l'interprète, il manquera toujours quelque chose à notre notation, ne serait-ce que le timbre de la voix ou cette coloration particulière du mélos due à l'émission vocale paysanne, sans parler des timbres instrumentaux. De plus, l'enregistrement mécanique évite la fatigue des informateurs et facilite un recueil intensif. Enfin, il nous fournit ce moyen de contrôle dont aucune science exacte ne saurait se passer.L'oreille infaillible du diaphragme enregistreur trouvera un collaborateur de confiance dans l'oeil infaillible de l'objectif photographique. Là commence cette documentation auxiliaire dont il a été question. Iconographique en partie, elle aura pour première tache de fixer le décor de la musique, l'occasion musicale. Gravée dans la cire ou l'ébonite, la mélodie qui s'est chantée tel jour en tel endroit, à la toilette de telle mariée gardera une palpitation de vie si le visage de cette mariée, l'attitude des chanteurs, l'aspect de ce qui l'entourait nous sont demeurés sensibles. La vue des scènes rituelles d'un enterrement prêtera de même une intensité expressive particulière au phonogramme d'une plainte funèbre et facilitera la compréhension de son texte. Le chant du sapin, par exemple, propre au rituel mortuaire du village de Runc, district de Gorj, Olténie, sera nécessairement accompagné, dans le fichier des archives, de vues de ce sapin, devant la maison du mort, dans la cour de l'église, sur le chemin de cimetière, sur la tombe.L'appareil photographique nous est surtout précieux pour l'indication précise et le contrôle de nos sources. Rien de plus important en folklore que la connaissance exacte de ces sources pour chaque cas particulier. La mélodie populaire n'a aucune réalité palpable par elle-même. Elle n'existe réellement qu'au moment où on la chante ou on la joue et ne vit que par la volonté de son interprète et de la manière voulue par lui. Création et interprétation se confondent ici – il faut le répéter sans cesse – dans une mesure que la pratique musicale fondée sur l'écrit ou l'imprimé ignore absolument, et tous les chercheurs ont été frappés des libertés que l'exécutant populaire prend avec la mélodie exécutée qu'il traite comme son bien propre (ce qu'elle est, en effet, pour une large part). Il est donc capital de savoir qui est cet exécutant, comment il juge de la musique, s'il a voyagé; si, par conséquent, il a subi ou pu subir des influences, importer des mélodies et ainsi de suite.Tout cela compose une image morale que l'image physique, conservée par le cliché photographique, ne contredit point: celle d'une pauvresse sans instruction, appartenant par sa mentalité et par son costume à une génération qui disparaît: une malheureuse douée d'une bonne voix et qui pourrait dire, elle aussi, que sa seule chance est de savoir chanter. En d'autres termes, un informateur idéal, dépositaire probable du répertoire régional archaïque. Dans d'autres cas, la fiche d'informateur pourra servir à l'explication de quelques anomalies. Elle nous dira, par exemple, pourquoi telles mélodies ont été écrites sous dictée: c'est que l'informateur refusait obstinément de chanter devant le pavillon du phonographe, craignant que sa voix "ne demeure après sa mort". Certaines fiches d'informateur seront de dimension considérables: celle de ce vieux berger dont la photographie a paru un jour dans L'Illustration, comprend, outre les souvenirs d'une vie pastorale classique et le récit des migrations ancestrales, par le "chemins des moutons", une quantité de détails sur l'idéation typique du personnage, dominée toute entière par l'amour mystique de la brebis, bête sainte qui ne se couche jamais sans tracer sur le sol le signe de la croix. L'appareil photographique est parfois insuffisant lorsqu'il s'agit de fixer un cérémonial, toujours insuffisant – en l'absence d'une orchésographie pratique – lorsqu'il s'agit de fixer le pas d'une danse. On le remplacera par le cinématographe, soit à film étroit, pour l'étude de laboratoire, soit à film normal pour la simple illustration: fragments de film normal représentant des gens de noce du village de Feleag, district d'Odorhei, Transylvanie: les mariés, la jeune fille à la "poule", la belle-mère, et la danse – rituelle – de la mariée). Le film sonore seul suffirait pourtant à toutes les exigences. [1] Dans tous les cas, l'acquis d'une expédition se composera d'enregistrements, de photographies, de films, d'un catalogue provisoire des mélodies enregistrées. Dans chaque cylindre nous trouverons les fiches dites "de campagne" se rapportant aux enregistrements auxquels ce cylindre a servi: ce sont les questionnaires dont il a été fait mention. On verra tout à l'heure de quelle manière ces matériaux seront incorporés aux archives. Nos investigations pourront être poussées beaucoup plus avant lorsque nous entreprendrons l'étude monographique d'une "unité" musicale: un genre, un groupe humain ou même un individu caractéristique; par exemple, lorsque nous séjournerons quatre-six semaines et plus dans un village, dans le dessein d'en connaître par le menu la vie musicale. Une quantité des procédés techniques, impossibles en d'autres circonstances, trouveront là leur application, et tout d'abord l'enquête au moyen de l'"informateur-type". Un informateur peut être typique à bien des points de vue: soit qu'il nous paraisse l'interprète autorisé de tel genre musical, soit qu'il personnifie un courant du goût public rural, soit qu'il illustre une règle, soit qu'il représente nettement une exception. La veuve et le berger de tout à l'heure sont des informateurs-type: éléments-type de conservation. Opposons-leur un élément-type de dissolution. Ce jeune vagabond nanti d'un certificat d'études primaires et d'une mémoire sans défaut ayant quitté son village à l'âge de 18 ans en compagnie d'un photographe, devenu plus tard une sorte d'agent de placement des manufactures domestiques de drap des villages voisins, puis rôtisseur au cabaret "A la Reine de la Nuit" dans un faubourg de Bucarest, soldat en Bessarabie, journalier, berger, à nouveau agent de draps, à nouveau berger, serviteur chez un propriétaire foncier à l'autre bout du pays, enfin et jusqu'à nouvel ordre "laboureur" chez lui. Le répertoire de l' individu reflète naturellement la biographie: il se compose, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, de divers couplets appris dans les cafés-concerts périphériques de la capitale, mais aussi des chansons de l'enfance, parmi lesquelles une balade du plus haut intérêt historique et sociologique. Mais il faut avant tout tenir pour "typiques" les exemplaires humains moyens, lorsqu'ils aiment a chanter: un enfant âgé de moins de dix ans, un garçon et une fille entre sa 15e année et le mariage, un homme et une femme mariée (30-45 ans), un vieux et une vieille (au-dessus de 50 ans). Un autre moyen d'investigation efficace consiste à dresser une sorte d'état civil des mélodies: au moment de l'enregistrement, on notera chacune d'elles de manière sommaire et à mesure que les informateurs défileront devant le phonographe, on se renseignera si elle leur est connue ou non. Quand on rencontrera une variante, on l'enregistrera; quand un informateur, systématiquement, la chantera sur un nouveau texte, on se contentera de prendre note de ce texte. Ainsi seront rédiges ces "fiches de fréquence" qui nous donnent le moyen de reconstituer le répertoire complet d'un village, en identifiant ses parties vivantes et ses parties mortes ou mourantes. Une mélodie vivante est une mélodie fréquente. Très importantes pour l'étude de la psychologie populaire, les assertions des paysans ont, en général, peu de valeur objective et ne doivent jamais être prises au pied de la lettre, à moins que des faits incontestables ne les confirment. Cependant, lorsque cette femme nous affirme que sa chanson est vieille de plus de 150 ans, la statistique nous invite à presser attention à ses dires. Les chiffres prouvent, en effet, que la mélodie citée la première, connue de beaucoup de jeunes gens, très goûtée au village au moment de notre enquête, vit d'une vie réelle au sein de la génération actuelle, alors que l'autre, ignorée même des chanteurs d'age mûr, à l'exception d'un seul, n'est plus qu'une survivance d'un autre temps. A supposer que nous constations à de nombreuses reprises ces deux mêmes faits: d'un côté, grande fréquence des mélodies chantées allegro giusto, de l'autre, fréquence réduite des mélodies chantées lento rubato, nous serions autorisés d'en déduire que ces dernières – probablement anciennes si leurs interprètes sont en grande majorité âgés – disparaissent du milieu social étudié. Les caractères des styles se dégagent ainsi à la simple confrontation des fiches. Semblables fiches peuvent être aussi, pour ainsi dire, prises sur le vif, soit au repas et aux danses des noces, soit à ces veillées traditionnelles ou se réunissent (hiver comme été dans certaines régions) femmes, jeunes filles, homes, jeunes gens pour filer, conter et chanter. Semblable veillée a eu lieu dans la maison no. 147, du village qui nous occupe, le 4 août 1930 et le folkloriste y a noté toutes les mélodies chantées entre 10 h. ½ du soir et 1 h. 15 du matin. En se rapportant aux phonogrammes, dont les numéros d'ordre ont été ajoutés, il sera facile de se rendre compte, à l'aide de documents de ce genre, de l'état exact d'un répertoire. Notre moisson rentrée, nous passerons à la seconde partie de notre tâche qui consiste dans la mise en ordre des matériaux et leur intégration dans un système. Une opération délicate nous attend tout d'abord, à savoir la transcription des phonogrammes, à laquelle on ne saurait apporter assez de soins. Pour que l'écrit reproduise fidèlement toutes les manières du bel-canto rural: glissements de voix, appoggiatures, notes impondérables d'ornement et de passage, il faut une main sûre, une oreille exercée et le concours constant du métronome. Chacun sait que la mélodie populaire est presque toujours une période brève que l'exécutant reprend aussi souvent qu'il faut pour arriver au bout d'un texte. Mais à chaque reprise, l'interprétation populaire fait subir au rythme, à la ligne mélodique, voir à l'architecture des altérations plus ou moins sensibles qu'on peut appeler des variations. L'étude de ces variations, à peine commencée, est le problème peut-être le plus ardu, mais certainement le plus important du folklore musical: nous touchons là aux sources mêmes de la création populaire. Il parait probable, en effet – et certaines constatations en témoignent – que les "variations" dues à quelque bon chanteur passent parfois dans l'usage d'une collectivité, se fixent, et donnent ainsi naissance à des types mélodiques nouveaux par la transformation des anciens. Rien de plus naturel: les éléments de la musique supposés donnés par la physique, la cristallisation d'un style populaire implique le jeu de préférences collectives. Du point de vue scientifique, il faut donc tenir pour une erreur l'habitude d'enregistrer une ou deux fois seulement les mélodies populaires sous prétexte qu'elles "se répètent". Pour bien faire, il faudrait toujours laisser l'informateur chanter ou jouer aussi longtemps qu'il l'estime nécessaire, ainsi qu'on a fait lors de l'enregistrement de la plainte funèbre citée. La mélodie – composée de trois phrases – a été chantée en tout dix fois. Elle est écrite toute entière sur la première portée. Aux répétitions, lorsque la ligne mélodique demeure intacte, on n'a transcrit que le texte, de manière à faire tomber chaque syllabe exactement sous le son qui lui correspond; lorsqu'elle varie, on a noté les variations sous la formule mélodique initiale; les variations rythmiques sont indiquées, chacune à sa place, par les seuls signes de durée. Du premier coup d'oeil, on discerne la manière dont s'exerce le Variationstrieb, l'instinct de variation; les membres de mélodie qu'il pétrit de préférence (régions noires du cliché) et ceux qu'il évite (espaces blancs) sont immédiatement visibles. Les mélodies une fois transcrites, il s'agit d'en dresser un catalogue raisonné et, si possible, raisonnable. Notre volonté de demeurer sans cesse objectifs va se heurter là à un obstacle sérieux. Tout catalogue suppose un classement, tout classement des critères. La tentation est grande de demander ces critères à l'analyse musicale, mais l'analyse implique nécessairement un point de vue subjectif. Après de longues perplexités, nous avons pris, pour finir, le parti de ne tenir aucun compte du style des mélodies, mais d'adopter une méthode de classement reproduisant en quelque sorte la réalité musicale même: on a dressé un double catalogue, plus exactement un double fichier[2], en réunissant, d'un côté, toutes les mélodies ayant la même origine géographique, d'un autre toutes celles qui appartiennent au même genre musical. Les divisions de la géographie politique, c'est à dire les noms des départements par ordre alphabétique suffisent pour le classement régional et permettent de retrouver aisément les mélodies de n'importe quelle région. Pourtant, nous serons contraints là au premier compromis. Une mélodie de Moldavie chantée par un Moldave à Bucarest appartient-elle au répertoire moldave? Ou bien la considérons-nous comme une partie du fonds musical bucarestois au moment de la cueillette? L'estimant moldave, nous l'aurions implicitement analysé (ce qu'il s'agit d'éviter), l'estimant bucarestoise, nous contredirions, dans le cas d'un exemplaire typique, à la classification populaire, qui doit nous guider en toute chose. Le compromis adopté consiste à trancher semblables difficultés en suivant les indications des informateurs. La nomenclature dont fait usage le catalogue "par genres" a été empruntée, selon le même principe, au peuple lui-même. Elle n'en est pas moins conventionnelle, car la terminologie populaire varie du province en province sinon de village en village. Pour ne donner qu'un seul exemple, la mélodie asymétrique et monotone décrite par M. Bartok dans l'une de ses variantes (celle du Maramures) et communément nommée doina porte un autre nom précisément dans les régions où elle abonde: en Olténie aussi bien que dans le Maramures – les témoignages en sont nombreux et catégoriques – on dit que c'est là une chanson "longue"[3]. Il a donc bien fallu user de termes conventionnels, dont la signification précise est indiquée en tente du catalogue. Le fichier "d'observations", dont il sera encore question, rétablira la terminologie authentique. Une fois les mélodies groupées ainsi qu'il vient d'être dit, les subdivisions suivantes s'établiront dans le catalogue régional d'après les noms de village (ordre alphabétique), les genres (ordre alphabétique), les dates d'enregistrement (ordre chronologique), l'âge des informateurs, en commençant par les plus jeunes. A l'intérieur des groupes formés par les mélodies appartenant au même genre, on approchera les unes des autres les mélodies portant dans l'usage populaire un titre comme les danses ou les ballades (dont le peuple a coutume de désigner expressément le thème épique), et cela en suivant l'ordre alphabétique des titres. De cette manière, nous aurons reconstruit pour chaque village de chaque département le répertoire de chaque génération au moment de chaque enquête. Dans l'autre catalogue, après avoir classé d'après l'ordre alphabétique des genres, nous continuerons en suivant l'ordre alphabétique des titres, si les pièces à classer en ont un, ou sinon, celui des noms de village, pour terminer comme dans le catalogue régional (âge des informateurs, dates d'enregistrement). Cette façon de faire permettra une information rapide sur la répartition géographique de chaque genre dans chaque région au sein de chaque génération et au moment de chaque enquête. Il ne nous reste plus qu'a systématiser le matériel d'information. On a pu voir que tout ce qui regarde la personne de l'informateur passe sur sa fiche personnelle, y compris le répertoire, lorsqu'il s'agit d'un informateur-type, mais moins les données concernant la technique, la terminologie et le problème de la création. Ainsi, il ne sera pas fait mention sur la fiche d'informateur de ce que la fille F. D …, du village de J…, district de M…, "change", à en croire ses congénères, "toutes les chansons" (détail relatif à la création populaire). Tout ainsi, nous n'inscrirons sur la fiche des catalogues que ce qui se rapporte aux mélodies en tant qu'individus, les informations ayant un caractère général et celles qui concernent la technique, la terminologie et le problème de la création étant destinées à un autre fichier. L'habitude de tel informateur de ne chanter telle chanson qu'à telle occasion est un détail accidentel valable pour cette seule chanson en particulier: nous le rappellerons dans le catalogue. Le rituel lié à tel genre musical indépendant intéresse au contraire toute une catégorie de pièces et doit être décrit ailleurs. L'explication du procédé de classement des fiches auxiliaires nous entraînerait trop loin. Disons cependant que ce procédé n'est pas le même pour toutes les matières et qu'il a pour but de permettre la consultation des documents accessoires en dehors des phonogrammes et de notations. Disons encore que ces documents ne seront pas toujours des notations à ce point concises. Tâchant sans cesse de saisir, autant que possible, le fait vivant, nous ne nous contenterons pas de constater que dans ce village de Runc, qui nous a déjà tant occupés, les ballades sont de plus en plus oubliées et de réunir chiffres et dépositions sur ce sujet. Mieux encore vaudra ce sténogramme fixant à jamais les vains efforts qui y a faits, le 14 avril 1930, le musicien professionnel Zlataru pour se rappeler la ballade de Marc Daliu et du Turc.
[1] Depuis que cette communication a été faite, les premiers 300 mètres de film sonore folklorique ont été enregistrés par les soins des Archives de la Société des Compositeurs Roumains, à Bucarest, le 22 juin 1930.[2] Les notations elles-mêmes reçoivent, au moment d`entrer dans les dossiers, un simple numéro d`inventaire, de même que les cylindres ou les disques au moment d`entrer dans les armoires: on ne classe que les fiches.[3] On en trouvera plusieurs exemples dans le remarquable ouvrage de M. Bela Bartok: Volkmusic der Rumanen von Maramures, Munich, 1923.


by Constantin Brăiloiu