Avec Georges Banu, Livius Ciocârlie, Roland Jaccard, Florin Turcanu, Alexandre Lavastine, Pierre Pachet, Gina Puica, Fernando Savater.
Et si Cioran nous menait en bateau ? Et si ses idées noires, son ton apocalyptique, ses aphorismes tranchants n'étaient qu'une partie de la vérité ? Un terrier à la Kafka, un abri aménagé à l'intérieur de la langue française, où Cioran vécut heureux, après avoir quitté son pays natal et sa langue maternelle en 1937. Cioran écrit : « La source de l'écrivain, ce sont ses hontes ». Ecrire était pour lui une manière d'en finir radicalement avec la nostalgie tenace de l'enfance, le lyrisme débraillé de sa jeunesse, les engouements politiques pour Hitler et la Garde de fer. Ce qu'il appelait la « glu de la patrie ».
Cioran déclarait : « Le bonheur n'est pas fait pour les livres. Mais Cioran était un homme heureux, quand il pouvait réunir ses amis au 21, rue de l'Odéon ou se balader avec eux au Jardin du Luxembourg et leur dire en français avec son accent indéfectiblement roumain: « Tout est foutu, réjouissons-nous ! »
par Christine Lecerf et Jean-Claude Loiseau
