Correspondance

IXRome (Hôtel d'Europe), 11 octobre 1870. Ma chère Sacha, ...C'est ma première journée de Rome! J'ai passé la nuit dernière en chemin de fer, partageant un coupé à banquettes pour dormir avec une jeune Autrichien que j'ai rencontré à la gare et qui voyage aussi en touriste en Italie. J'étais fatigué, aussi malgré le beau clair de lune qu'il faisait, je n'ai qu'aperçu, vers 1 heure du matin, les reflets du bel astre de la nuit, dans les ondes du lac Trasimène et, dès le matin, je me tins réveillé pour voir les antiques petites villes de Narni et de Orte, perchées sur des rochers qui plongent dans les eaux de Teverone et du Tibre. Arrivé à un quart d'heure de Rome, il a fallu changer de train et passer le Teverone sur un petit pont provisoire en bois, attendu que les soldats du pape se sont amusés à faire sauter le pont de fer de la voie, soit disant pour arrêter la marche des troupes italiennes. Dans le même train se trouvait le Général La Marmora qui est nommé Gouverneur de Rome et qu'on a reçu à la gare avec grande pompe. Arrivé à Rome, je me suis débarbouillé, j'ai déjeuné et j'ai été chercher le professeur de Rossi, le grand connaisseur des antiquités chrétiennes; il m'a promis de tâcher de m'avoir un permis de voir le Vatican, car depuis que le Pape boude, il a fermé les portes de sa splendide demeure et tous les chefs-d'œuvre contenus dans ces vastes collections restent pour lui seul. Je ne sais s'il pourra y réussir. En attendant, j'ai été visiter rien que des monuments antiques. En effet, Rome est une ville unique dans son genre. Que de splendides débris agglomérés sur le sol; des colonnes de temples antiques, des rues pavées de dalles posées par les Romains, des édifices colossaux dont le temps a respecté une partie, des arcs de triomphe et des colonnes monumentales; tout cela se trouve encore debout et forme une espèce de ville morte, au milieu de la ville vivante, qui certes est plus animée et plus brillante que tout ce que j'ai vu jusqu'à présent en Italie. Cela a bien l'air d'une capitale, tandis que Florence est mesquine comme ville; elle n'a son prix que comme musée de la Renaissance. J'ai donc visité aujourd'hui le Forum et ses environs; j'ai marché sur les dalles qu'ont touché les pieds de tous ces grands Romains; j'ai vu la "Maison dorée") de Néron, dont une partie est exhumée avec ses débris de peintures murales; j'ai été émerveillé par la grandeur imposante de ce Colysée où 100.000 hommes entassés sur 4 énormes galeries superposées, venaient contempler avec avidité les combats sanglants des gladiateurs et les carnages que les bêtes fauves faisaient des malheureux condamnés à ces horribles jeux dont raffolait la populace de Rome. Cela devait être un effrayant spectacle que de voir cette foule compacte s'élevant sur des gradins jusqu'à une hauteur étourdissante et regardant avec un féroce plaisir, la lutte déchirante de ces milliers de bourreaux et de victimes s'agitant dans cette arène colossale. Les murs seuls en pierre et en briques sont restés de cet édifice splendidement décoré et l'on reconnaît à peine la loge d'honneur où venait s'asseoir l'empereur devant lequel les victimes s'inclinaient en défilant à pas lents et en criant: "Ceux qui doivent mourir, te saluent, o César! Morituri te salutant, Cesar!". Tu ne vas pas t'étonner de ce que je te parle latin; je suis à Rome et j'ai vécu toute cette matinée dans les débris de l'antique cité des Césars; c'est le moment ou j'aime de faire valoir mes quelques mots de latin. J'ai vu aussi le Capitole, transformé par Michel-Ange; je crois que cela devait être plus imposant du temps d'Auguste. Les galeries qui contiennent deux des palais qui occupent la place du Capitole, sont pleines de belles statues, de beaux bas-reliefs. Mais ce n'est pas là le plus grand musée antique de Rome; il y en a un autre, au palais de Latran, et puis surtout il y en a plusieurs au Vatican. Tout ceci est encore à voir. J'ai vu aussi et ce n'est pas sans émotion, notre colonne Trajane qui est bien belle, sans contredit; sur l'Arc de triomphe de Constantin j'ai vu aussi les beaux bas-reliefs et les belles statues de Daces, dont cet empereur de dépouillé l'Arc de triomphe élevé sous Trajan en mémoire de la guerre de Dacie[1]). Avec tout cela, je n'ai pas fini les antiquités romaines et je n'ai pas encore commencé celles des premiers temps du Christianisme: catacombes, mosaïques, ivoires, images, etc. (et y en a-t-il, bon Dieu!), je n'ai même pas effleuré toutes les créations de la Renaissance, et il faut compter que c'est à Rome que Michel Ange, Raphaël et tant d'autres ont dit leur dernier mot! Quand ferai-je tout cela! il me reste demain, mercredi et après-demain jeudi. Vendredi matin je dois repartir pour Florence, car il n'y a qu'un train par jour. Cela va être bien difficile, mais il le faut bien. En résumé, je suis enchanté de Rome; j'y circule avec émotion; c'est grand, c'est imposant, et en même temps c'est animé, c'est vivant. Toute cette joie populaire de voir des vœux de tant d'années accomplis; cette ville conquise d'hier qui est enchantée de se voir au pouvoir de ses conquérants; cette animation, ces chants et ces promenades de tout le monde dans les rues, cela fait plaisir. Et je pense cependant à Paris, et mon coeur saigne. Pauvre Paris!... Mais malgré cela: Viva l'Italia!...XRome, mercredi 12 octobre 1870. Ma chère Sacha, Quel métier je fais! Je rentre à l'instant; pendant 8 heures de suite j'ai couru les monuments: 16 églises, puis, Dieu sait, combien de chapelles; le Musée du Latran, salles païennes et salles chrétiennes, puis, en passant, mille et mille dans du murs antiques, qui ont été des temples, des palais, des aqueducs! Tu crois qu'avec cela j'ai fini? A peine ai-je parcouru un quart de la ville, en laissant de côté beaucoup de choses secondaires. Demain, je recommence, car je veux du moins compléter ma visite de toutes les mosaïques chrétiennes de Rome; j'en ai beaucoup vu aujourd'hui de remarquables et de passables; de très laides même; il y en a depuis le IV-me siècle (je ne parle pas des mosaïques chrétiennes) jusqu'au XVI-me siècle et au delà. Je veux en voir la collection complète pour pouvoir comparer ensuite avec Constantinople, Salonique, Milan, Ravenne et Venise. Celles-là nous les verrons ensemble et je m'en fais déjà une joie. Aujourd'hui, ce qui m'a surtout frappé, c'est la mosaïque de l'abside de l'Église de Cosme et Damian. C'était un vieux temple; on en a fait, dans les premiers temps chrétiens, une église que l'on a décorée de superbes mosaïques où les personnages sont en grandeurs colossales; figures, poses, contours, tout est grandiose. Plus tard, on a rapetissé l'église en la rétrécissant des flancs et en élevant le plancher qui se trouvait à plus de deux mètres au dessus du niveau de la rue. De cette façon, il n'est resté qu'on tronçon de mosaïque; mais elle est bien belle. En second lieu, j'ai été charmé de pénétrer dans une église souterraine que l'on a découvert sous celle de St. Clément; il a fallu déblayer ce vieil édifice en extrayant la terre qui le comblait. On a retrouvé là de bien antiques peintures où l'on peut admirablement étudier le passage de la peinture antique à celle des byzantins, qui s'est propagée chez nous en Orient jusqu'à présent. Ces débris du St.-Clément souterrain sont très remarquables. En fait de mosaïques, il y en a d'antiques au musée du Latran que l'on a retiré des thermes de Caracalla. Elles sont bien belles. Mais, ce qui est bien beau aussi, c'est le Moïse de Michel Ange, dans l'Église de Santo Pietro in Vincoli. On reste stupéfait devant la force et l'énergie de cette figure. Il y a quelques jours, à Florence, dans la chapelle des Médicis a Santo Lorenzo, j'avais admiré les deux tombes des Médicis avec le Pensieroso et les 5 autres magnifiques figures. Michel-Ange est décidément bien grand. Je m'apprête à le voir dans son plein triomphe à St.-Pierre. Quant au Vatican, je ne sais pas encore, si je pourrai y pénétrer.XIRome, 14 octobre 1870. Ma chère Sacha, J'ai beaucoup voyagé aujourd'hui dans Rome et hors de ses murs. J'avais à cœur de compléter ma visite aux églises à mosaïques. J'avais pris pour guide un petit volume de Barbet de Jouy sur les mosaïques chrétiennes de Rome; sur les églises qu'il mentionne comme en contenant, je n'en ai négligé qu'une seule, parce qu'étant assez loin hors de la ville, elle ne contenait qu'une mosaïque très tardive (c'est à dire du XVI-me siècle); en revanche, j'ai complété la nomenclature de Barbet de Jouy de trois oublis inexplicables; tout d'abord une abside remarquable à mosaïque du IX-me siècle dans l'église de "San Marco"; puis une jolie chapelle à voûte de mosaïque dans l'église "San Giovanni in fonte"; enfin une petite frise en mosaïque ancienne à l'église de "Sainte-Cécile". Ce sont trois pièces marquantes cependant. Mais en fait de mosaïques, ce qui, selon moi, occupe à Rome le premier pas ce sont les églises de "Santa Pudenziona", des "St.-Cosme" et "Damian" et de "Sainte-Constance", toutes ce trois qui sont décorées entre le IV-me et le VI-me siècle sont vraiment bien remarquables. Les mosaïques faites au IX-me siècle sous le pape Pascal, quoique d'un style et d'un travail très grossier, se distinguent par leur caractère éminemment grec; le reste, entre le VI-me siècle et la Renaissance, ne vaut pas grand'chose; les imitations du Moyen-Âge sont bien faibles et d'un aspect sec et peu harmonieux comme couleurs. Ce n'est qu'à la Renaissance qu'on voit un retour au bon coloris; mais les contours, quoique gracieux, sont plus arrondis, moins sévères que ceux des premiers temps, et par conséquent l'effet général moins magistral. Dans les antiques mosaïques chrétiennes on distingue fort bien ce qui a été restauré à la Renaissance. Du XIII au XVI-me siècle on voit déjà une grande différence dans le style, et la sévérité de ce genre d'ornement se perd de plus en plus. Mais les mosaïques ne m'ont pas pris toute m'a journée; j'ai vu quelques ruines de monuments romains, entre autres le charmant petit arc de Septime Sévère et celui plus imposant et à quatre faces de Janus Quadrifrons; j'ai vu aussi le Musée Kircher qui se trouve dans le grand Couvent de Jésuites. Quel horrible endroit que cette immense bâtisse bien cloîtrée! Le Musée cependant est plein d'objets qui intéressent et l'art et l'érudition; le directeur, un aimable jésuite, le père Tongiorgio, m'a tout fait voir de la meilleure grâce du monde. J'ai dû me consoler ici, au Latran et au Capitole, de l'interdiction mise aux collections du Vatican; car je pars sans avoir vu le palais Pitti. En fait d'antiquités j'ai vu encore aujourd'hui celles qu'on a faites dans un poste de gardes ou "Vigiles romains"; c'est un intéressant pendant aux fouilles du palais de Césars que j'ai visité hier. Enfin j'ai vu aujourd'hui et pour finir "l'Église de St.-Pierre"; j'étais depuis quatre jours à Rome sans avoir été voir ce lieu de prédilection des voyageurs à Rome. Eh bien, c'est très grand, s'est très riche, mais je n'aime pas ce genre; les marbres, les dorures y abondent; mais, en plus grand; cela ressemble à l'intérieur du Panthéon de Paris, du St.-Paul de Londres, du St.-Isaac de St.-Petersbourg, et ce genre d'édifice ne me contente pas; je trouve que ces décorations n'ont pas de caractère ou du moins qu'elles sont d'un effet disgracieux; tous ces énormes enfants joufflus en marbre, tous ces feuillages épais et dorés formant des rosaces et des enlacements, toutes ces colonnes torses en bronze noir et doré, toutes ces peintures placées partout dans de beaux cadres dorés et tous ces placages de marbres divers remplissant tous les coins et recoins, tout ceci produit un ensemble qui ne me charme guère. J'avoue que je tenais à voir tous ces monuments anciens byzantins ou romains, avant que de voir St.-Pierre, dans la crainte de ne pas pouvoir les supporter après; eh bien, cela a été tout le contraire, car après les exubérantes richesses décoratives de St.-Pierre, j'ai été avec le plus vif plaisir reposer mes yeux sur les gracieuses arabesques en mosaïque qui sont restées dans la petite rotonde de "Sainte-Constance", sur les deux tableaux aussi en mosaïque qui décorent les voûtes des absides de "Sante Pudenziana" et des "St.-Cosme" et "Damian"; la première, correcte et douce dans sa solennité, la seconde, sévère, sombre et imposante. Somme toute, je tiens à mon style byzantin; c'est ce qu'il y a de plus approprié pour les grands édifices, pour les constructions à effet grandiose. Le gothique est étonnant, mais non pas beau; le style Renaissance est gracieux, comme détails, mais quand il veut trop agrandir ces détails, il produit l'effet d'un joli visage vu à la loupe, c'est presque monstrueux. Mais, voici ma Rome finie pour cette fois; peut-être demain vais-je encore à St.-Pierre pour tâcher de voir dans la sacristie la fameuse Dalmatique qui est une belle broderie byzantine... XIIRome, 15 octobre 1870. Ma chère Sacha, Je continue ce soir mon journal et je l'expédie à Milan où nous le retrouverons ensemble. J'ai perdu l'espoir de voir le palais et les galeries du Vatican. Mr. de Rossi est venu ce soir me dire que ses efforts avaient échoué devant la décision du Pape et du Cardinal Antonelli d'en défendre la porte à quiconque pour le moment. Donc adieu, les loges de Raphaël et l'Apollon du Belvédère et le "Musée Pie Clémentin" et surtout le "Musée Chrétien" avec ses beaux ivoires! Ce sera pour la prochaine fois et je me flatte de la douce illusion que cette fois nous irons voir ensemble toutes ces belles choses. J'ai continué ma série des églises à mosaïque et, malgré les 5 que j'ai vues aujourd'hui et celles que j'ai vues hier, j'en ai encore 4 pour demain. Cela me fait une étude comparative de ce genre d'industrie artistique que je vais compléter à Venise. Que ne puis-je aller aussi à Palerme; je pourrais alors mettre en regard mes souvenirs de Constantinople, de Salonique, du Mont Athos, de Milan, de Ravenne, de Rome, avec ceux que je recueillerai à Venise. Mais reparlons de ma journée, à part les églises à mosaïques; j'ai vu principalement des monuments funéraires et des ruines romaines; les majestueux thermes de Caracalla; des bains somptueux dont il reste encore des murailles colossales et des fragments de pavés et le plafond en mosaïque. Le palais des Césars sur le Mont Palatin dont on a exhumé des restes fort intéressants dans le jardin Farnèse, aux frais de l'Empereur Napoléon; ce sont des fouilles systématiquement faites et l'aspect de ces décombres de palais superposés sont tout ce qu'il y a de mieux disposé en ce genre à Rome. Pauvre France! Elle a porté sa main pleine de grâce jusqu'ici! Dorénavant quelqu'un fera-t-il aussi bien qu'elle? Mais ce que j'ai vu aujourd'hui éminemment intéressant c'est une des catacombes des premiers temps chrétiens. Celle de St.-Caliste où j'ai passé plus de 2 heures à circuler, un petit cierge à la main, parmi d'étroites galeries creusées sous terre et garnies de tombeaux cellulaires d'un style primitif. À quelque distance de là j'ai vu aussi les sépultures romaines, "les columbarii", qui sont aussi fort intéressants. Mais j'abrège, car je ne fais ici qu'une sorte de mémento. XIIIArona (Hôtel Royal), le 16 octobre 1870. Ma chère Sacha, … Hier martin avant de quitter la Ville Éternelle, j'ai fait deux tentatives infructueuses pour y combler quelques lacunes à mes investigations archéologiques. J'ai voulu voir les mosaïques de la petite église de St.-Sabba, sous le Mont Aventin, que j'avais négligé jusqu'alors, parce qu'il manquait dans mon guide aux mosaïques de Rome par Barbert de Jouy (comme du reste celles de St.-Marc et autres petits détails); mais ce fut en vain que j'ai couru dans ces quartiers presque déserts ou du moins plantés de vigne. Il n'y avait personne pour ouvrir les portes de ce cloître abandonné et entouré de grands murs; ce n'est que le jeudi qu'on l'ouvre et c'était samedi. J'ai tâché ensuite de gagner St.-Pierre pour y voir la Dalmatique de Léon III; mais j'ai rebroussé chemin à moitié route et j'ai bien fait, car j'aurais manqué le train qui est parti à 11 heures. La route que j'ai prise cette fois, était celle qui, par Civita Vecchia et Livourne, longe la mer. Plus d'une fois, j'ai admiré l'étendue azurée de la Méditerranée, et je pensais à notre fillette clapotant dans les vagues d'Etretat. Pauvre, plage d'Etretat! La reverrons-nous jamais? Puisse-t-elle du moins nous réunir en des temps plus gais! Il était nuit quand j'ai passé à Livourne et à Pise. Donc point de vue; je n'ai même pas aperçu la Tour penchée. Il n'y a rien de plus stupide que ces trajets de nuit à travers les gares de chemin de fer. Ajouter à cela qu'en Italie et surtout dans les villes du centre, les gares sont horribles, ce sont des hangars mal tenus. Avant 11 du soir, j'étais à Florence; j'ai dormi jusqu'à Bologne et, en me réveillant à 6 heures du matin, j'ai vu qu'il pleuvait à averse; quand je suis arrivé à Plaisance vers midi. À 6½ heures je suis parti pour Arona, et m'y voici vous attendant. IVA I. A. CANTACUZÈNE A. O. Paris, 47 rue de Berri, comme par le passés,le 16/28 X-bre 1881 Mon cher ami, Votre lettre, que je viens de recevoir, m'a fait si grand plaisir que je ne puis résister à la tentation d'y répondre tout de suite, avant même d'avoir pu faire les démarches que vous me recommandez et que j'exécuterai aujourd'hui même. Ainsi donc, sans avoir vu M. Buloz ni personne des siens, je viens vous dire que dans le cas où la "Revue des deux Mondes" ferait des difficultés, je suis sûr que vos traductions seront acceptées avec plaisir et lues par un public nombreux dans la "Revue Nouvelle" de M-me Juliette Adam, où vont paraître incessamment les "Pensées et Maximes" de Carmen Sylva. M'autoriseriez-vous à opérer le transfert des manuscrits, si je rencontrais des hésitations, rue Bonaparte 17? Répondez-moi bien vite à ce sujet. Saviez-vous, mon cher ami, que "l'Alexandre Lăpuşneanu" de Negruzzi a été déjà traduit en français par Jean Voïnesco et imprimé en 1885, dans le volume des "Doinas" d'Alecsandri?. Pour ce qui est de mes nouvelles historiques à moi, je serais certainement très flatté et très heureux si vous me faisiez l'honneur d'en traduire une, la "Doamna Kiajna", par exemple, puisque "Mihnea Vodă" est déjà connu, en allemand. Mais la langue à part, pensez-vous qu'elles aient assez d'intérêt littéraire ou dramatique pour paraître en public autrement habillées qu'à la valaque? Si oui, j'aplanirai l'une des difficultés que vous exprimez dans votre lettre, c'est-à-dire la rareté du livre imprimé, en vous envoyant successivement les quatre parties de ma nouvelle, transcrites en…
[1] Ces éléments d'architecture romaine antique seront utilisés dans Pseudo-Kinighitikos quatre ans plus tard, en 1874.


by Alexandru Odobescu (1834-1895)