Nouvelle projection: mercredi, le 24 février, à 19h00
Institut Culturel Roumain
1 rue de l'Exposition, 75007 Paris
L'Institut Culturel Roumain ouvre la série des événements qui célébront le sculpteur roumain Constantin Brancusi tout au long de cette année ; le 19 février même, le jour de la naissance, il y a 140 ans, du grand sculpteur Brâncuşi, l'Institut Culturel Roumain organise la projection du film « Brâncuşi » par Cornel Mihalache.
Vendredi 19 février, à 19h00
Entrée libre sur réservation au institut@institut-roumain.org ou 01 47 05 15 31
Le film est sous-titré en français
Constantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un petit village d'Olténie aux pieds des Carpates, au sein d'un monde rural et archaïque. Très jeune il quitte son village natal et, en 1894, entre à l'Ecole des arts et métiers de Craïova où il est admis l'année suivante dans l'atelier de sculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il entre à l'Ecole des Beaux-arts de Bucarest. En 1904, il traverse une partie de l'Europe pour rejoindre Munich, où il s'arrête quelque temps à la Kunstakademie, avant d'arriver à Paris le 14 juillet .
Dès son arrivée à Paris, il poursuit sa formation à l'Ecole des Beaux-arts dans l'atelier d'un sculpteur académique reconnu : Antonin Mercié. En 1906-1907, diplômé des beaux-arts, il expose au Salon d'Automne. Auguste Rodin, président du jury, remarque son travail et lui propose de devenir metteur au point dans son atelier. A cette époque Rodin jouit d'une reconnaissance internationale et près de cinquante assistants travaillent pour lui.
Un mois dans l'atelier de Rodin lui suffit pour estimer qu'« il ne pousse rien à l'ombre des grands arbres ». Suit une période difficile pour définir son propre engagement d'artiste : « Ce furent les années les plus dures, les années de recherche, les années où je devais trouver mon chemin propre ».
Une profonde différence dans leur relation au monde sépare
les deux sculpteurs. Rodin est un créateur au sens démiurgique du terme. Il
impose au chaos de la matière, c'est-à-dire à la terre qu'il modèle, une forme.
La taille directe dans la pierre ou le bois ne l'intéresse pas (elle n'est même
plus enseignée au sein des académies). Des assistants réalisent en marbre ou en
bronze ce qui a été créé en terre ou en plâtre par l'artiste.
Brancusi, quant à lui, est issu d'un monde archaïque et d'une tradition millénaire de la taille du bois. Pour le sculpteur, « c'est la texture même du matériau qui commande le thème et la forme qui doivent tous deux sortir de la matière et non lui être imposés de l'extérieur ».
C'est une différence essentielle avec Rodin, car Brancusi ne se présente pas comme un créateur mais comme un intercesseur capable de révéler au sein du matériau qu'il utilise « l'essence cosmique de la matière ». Dans le choix préalable de son bloc de pierre ou de bois, Brancusi perçoit par avance, dans la spécificité du matériau, la présence de la sculpture.
Après avoir découvert les thèmes majeurs de son œuvre entre 1909 et 1925 (Le Baiser, L'Oiseau, La Colonne sans fin, Les Coqs...), Brancusi ne fera que les reprendre inlassablement, souvent avec d'infimes variations.
Au sein de la modernité en train de se constituer, les mouvements d'avant-garde ont peu d'influence sur son travail. Il est davantage intéressé par les bois sculptés de Gauguin, qu'il voit dans la rétrospective consacrée à l'artiste en 1906 au Salon d'automne à Paris.
En réalité, il ne rencontre pas vraiment de modèle dans la sculpture occidentale et, comme le font nombre d'artistes de son époque, il s'intéresse à d'autres civilisations, celles de l'Asie et de l'Afrique, présentes dans les collections du Musée Guimet, du Musée du Louvre ou du Musée d'ethnographie du Trocadéro. Les références à un art archaïque lui permettent d'extraire son œuvre des contingences des styles propres à son époque, et d'inscrire ses sculptures dans une dimension plus universelle.