L’anecdote dans le contexte de l'histoire européenne commune

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Matei Vişniec, à propos de l’anecdote : „Nous avons croisé l'histoire de nos propres différences entre l'Est et l'Ouest"


Le débat sur L’anecdote dans le contexte de l'histoire européenne commune, animé mercredi soir par Jacques De Decker, secrétaire perpétuel de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, s'est déroulé à l'Hôtel de ville de Bruxelles, dans le cadre du festival EUROPALIA. Adrian Cioroianu, ambassadeur délégué permanent auprès de l'UNESCO, Matei Vişniec, dramaturge, et académicien Baudouin Decharneux, professeur de philosophie et de sciences de la religion à l'Université Libre de Bruxelles, y ont été invités.

L'événement organisé par l’Institut culturel roumain, au sein de la section littérature d'EUROPALIA, s'est déroulé en présence de Mirel Taloş, président ad intérim de l’ICR.

Le modérateur, l’académicien Jacques De Decker, a souligné que l'anecdote peut devenir le détail qui donne la saveur et caractérise une personne ou une situation de manière spirituelle. „Une anecdote se distingue de la parabole par sa spécificité historique, bien qu’elle n’ait pas de morale, étant une histoire hilaire, avec une fin inattendue, qui caractérise un événement spécial et peut contextualiser un événement de manière historique", a expliqué le professeur Baudouin Decharneux.


Dans les pays communistes, la blague / bancul était pratiquée comme une forme de résistance politique, les invités roumains lui ont présenté le contexte. Elles contiennent, dans la plupart des cas, une leçon sociale sur le monde et les gens, vêtues de manière ludique, exprimant le besoin d’un peuple de créer à un moment donné. La nature de la dictature de Ceauşescu a obligé la société roumaine à créer des zones de liberté, composées d’une part de rumeurs et, d’autre part, de blagues à caractère politique.

J'ai trouvé très agréable ce qui s'est passé lors du débat sur l'anecdote. Ce qui m'a impressionné, c'est la générosité avec laquelle Jacques De Decker a dirigé cette discussion sur l'anecdote, du point de vue de la philosophie, de la diplomatie, de l'histoire, de l'Europe et de la Francophonie. Nous avons parcouru l’histoire de l’Europe, mais aussi l’histoire de nos propres différences entre l’Est et l’Ouest. Nous avons parlé de la manière dont nous écrivons de la littérature et de la philosophie. L’anecdote reste un cheval de Troie dans l’histoire de la philosophie", a déclaré Matei Vişniec, à la fin du débat.

Quand j'ai commencé à écrire en français, j’ai commencé un combat. J'étais humble devant le mot, je voulais en dire beaucoup en peu de mots, j'ai laissé plus de place au silence dans mes textes. Le français m'a aidé à rester avec moi-même et commencer à écrire des pièces de théâtre", a souligné le dramaturge roumain.

Ce fut un privilège d'assister à un débat qui a eu au centre le dramaturge Matei Vişniec. On a parlé de certains faits concernant l'influence du quotidien sur la création littéraire et dramatique, ainsi que sur le théâtre politique qui se déroule dans un pays à certaines périodes. L’histoire crée des interdépendances à tous les niveaux, qui demeurent et se reflètent dans notre vie quotidienne. On a parlé du fait qu'Eliade, Cioran, Ionesco étaient influencés par la langue roumaine même à distance", a souligné Adrian Cioroianu.

Chaque pays a ses particularités. En Belgique, un pays largement libre à travers l'histoire, les gens n'avaient pas de blagues politique, pas de commérages, des rumeurs, comme dans les pays communistes. L'histoire d'un pays est formée d'une génération à l'autre et en termes de langue qu’on utilise aussi", a déclaré l'ambassadeur, délégué permanent de la Roumanie auprès de l'UNESCO.


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Jacques De Deker est romancier, dramaturge, essayiste, auteur de biographies, journaliste, professeur d'université et animateur de débats au Théâtre Poème, à Passa Porta, à la Bibliothèque des Richesses-Claires, à Tropismes, à Filigranes et aux Chapitres XII. En 1997, il a été élu membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises en Belgique ; il deviendra son secrétaire perpétuel cinq ans plus tard.

Matei Vişniec était connu dans les années 1980 comme poète, puis comme dramaturge dont les pièces, largement diffusées dans le milieu littéraire, sont interdites sur la scène professionnelle. En 1987, il quitte la Roumanie et s’installe en France où il travaille pour Radio France Internationale. Ses pièces en français figurent dans Actes Sud - Papiers, L’Harmattan, Lansman, Crater, L'Espace d'un instant. Son nom apparaît sur des affiches théâtrales dans plus de 30 pays. Ces dernières années, Matei Vişniec s’est également remarqué en tant que romancier.

Le festival des arts EUROPALIA est considéré le plus grand événement culturel de Belgique, organisé sous le patronage de la famille royale de Belgique, tous les deux ans, en Belgique et dans les pays voisins - France, Pays-Bas, Luxembourg et Allemagne. L'Institut culturel roumain est le coordinateur de la participation de la Roumanie à la 27e édition du festival EUROPALIA, un projet de grande envergure déroulé d'octobre 2019 à février 2020, mis en œuvre en collaboration avec le Ministère des Affaires étrangères, le Ministère de la Culture et de l'Identité nationale et le Secrétariat général du gouvernement auprès d’EUROPALIA International, l'organisateur de l'événement. La 27ème édition du festival EUROPALIA est dédiée à la Roumanie, pays invité d'honneur.